Ce(ux) qui reste(nt)
The remaining ones
Editions Process / 2023
« Ce(ux) qui reste(nt) » est une réflexion visuelle sur la question de l’habitat et le sentiment d’appartenance à un lieu, sur fond de fracture sociale, de désindustrialisation, et de montée de l’extrême droite. C’est un projet réalisé au cours d’une résidence artistique portée par le bailleur social HABITAT 08 et l’association de photographie contemporaine La Salle d’Attente, réalisée à Bogny-sur-Meuse au printemps 2022.
J’ai mené ce travail artistique avec les habitants d’une barre d’immeuble HLM louée à la démolition. À partir de leurs mots et de leurs subjectivités, j’ai cherché à mettre en lumière les liens qui inscrivent les histoires individuelles de chacun dans l’histoire collective, qui nous traverse tous.
Celles recueillies auprès des habitants de la rue Tisserand racontent en creux la fracture sociale qui sépare la France des « élites » et celle des classes dites « populaires » :
« On a bossé, on a tout fait bien, et voilà comment on nous traite... »
Elles nous parlent également de la perméabilité de notre présence au monde. Vivre quelque part n’est pas un phénomène neutre. Les frontières entre le fait d’ « habiter » et d’ « être habité par » sont ténues. Vivre quelque part, c’est aussi avoir un peu de ce « quelque part » qui vit en soi.
À l’instar des célèbres mots de Nicolas Bouvier, écrivain du voyage et de l’altérité :
« On croit qu’on va faire un voyage, et c’est le voyage qui nous fait, ou nous défait. » On habite un lieu, et ce lieu nous habite.
“The Remaining Ones" is a visual exploration of habitat and the sense of belonging, viewed through a political lens. It is the result of an artistic residency undertaken by social housing provider HABITAT 08 and the contemporary photography association La Salle d'Attente, conducted in Bogny-sur-Meuse during the spring of 2022, amidst a presidential campaign that witnessed the far-right once again approaching the threshold of power.
I embarked on this artistic project with the residents of a social housing block destined for demolition. Drawing from their words and subjectivities, my aim was to illuminate the connections that intertwine their individual stories with the collective history that binds us all. The stories collected from the residents of rue Tisserand indirectly depict the social divide that separates the French elites from the so-called "working class.”
“We've worked hard, followed all the rules, and this is how they treat us..."
They also speak to the permeability of our presence in the world. Inhabiting a place is not a neutral phenomenon. The boundaries between "dwelling" and "being inhabited by" are fine. To live somewhere is also to carry within oneself a part of that « somewhere."
Echoing the famous words of Nicolas Bouvier, a writer of travel and otherness:
"We think we are making a journey, but it is the journey that makes or breaks us." We inhabit a place, and that place inhabits us.
Translation Harley Boden / The Subject Matter