«Par crainte de la séparation, au moment de son annonce, ou dans les mois qui la suivent, le refus de la perte de contrôle sur l’autre est le motif principal des meurtres conjugaux commis par des hommes.
En France près de 1400 femmes ont été tuées en 10 ans par leur compagnon ou ex-conjoint. Le plus souvent au moment d’une séparation. Le constat est froid, dérangeant :
les femmes représentent plus de 80% des victimes d’homicides conjugaux.
Pendant un an, une dizaine de journalistes du Monde ont enquêté sur les quelques 120 féminicides perpétrés au sein du couple en 2018 afin d’en disséquer les mécanismes. Dossier par dossier, notre cellule d’enquête à reconstitué les faits, l’histoire des auteurs et celles de leurs victimes. L’enquête montre, entre autre, que la rupture est le moment où les femmes risquent le plus d’être tuées. Dans la grande majorité des cas, c’est l’élément déclencheur du passage à l’acte.
Pourquoi les hommes passent-ils à l’acte à ce moment là ? Comment expliquer que la séparation leur soit insupportable au point d’en arriver à une telle extrémité ?
Une mécanique est apparue : un homme veut posséder «sa» femme, elle tente de lui échapper, il la tue. Et cet enseignement : la plupart de ces meurtres auraient pu être empêchés si la société avait su répondre aux nombreux signaux d’alerte qui les ont annoncés. (...) »
Faustine Vincent et Nicolas Chapuis pour Le Monde.
Enquête lauréate du VISA D'OR POUR L'INFORMATION NUMERIQUE 2020 / FESTIVAL VISA POUR L'IMAGE / PERPIGNAN / FRANCE