La traversée
The crossing
2015
Cette série propose une basculement du regard pour attirer l'attention sur les tragédies humaines qui ont lieu en mer Méditerranée.
Ces images font écho au travail d’Edith Roux intitulé « Le Seuil », qui était exposé en novembre 2014 à la galerie Immix dans le cadre du Mois de la Photo à Paris. À la demande du Conservatoire du Littoral, la photographe pose son regard sur la corniche des Maures, qu’elle choisi d’aborder en partie depuis la mer. Le rivage de la corniche est découpé puis recomposé, invitant ainsi le spectateur à une lecture active de ses images. L’ensemble forme une composition à la beauté froide, montrant un paysage sous contrôle, démembré puis ré-assemblé par le biais d’un dispositif correspondant lui-même à un certain regard occidental de domination sur la nature et les hommes: le panorama. Un regard occidental, sur un paysage appartenant au monde occidental.
Ce positionnement particulier, ou du moins l’interprétation que je fais de ce travail, m’a amenée à réfléchir sur la charge symbolique d’un tel paysage. En fonction du point de vue adopté, une telle vision du littoral de la corniche des Maures pourrait prendre des sens très différents.
Certains, arrivant depuis cette même mer, y verraient tout simplement la terre, la fin d’un voyage incertain, la vue des rivages français, des côtes européennes… En d’autres termes: la promesse d’un lieu où la vie ne peut être que meilleure. Cet espoir tenace porte chaque année des milliers de personnes qui fuient les violences de leur pays d’origine sur les routes de la Méditerranée, justifiant tous les risques de la traversée. Depuis 2014, plus de 21000 personnes sont mortes dans les eaux de la mer Méditerranée. La route de la Méditerranée centrale est l'une des plus dangereuse au monde.
« The crossing » proposes a shift in perspective to raise attention on the human tragedies happening in the Mediterranean Sea.
This series echoes the work of photographer Edith Roux entitled «Le Seuil» («The Threshold»).* At the request of the Conservatoire du Littoral, Edith Roux looks at the Corniche des Maures, which she has chosen to approach partly from the sea. The photographer’s eye cuts out the corniche’s shoreline and then reconstructs it, inviting the viewer to actively read her images. Together, they form a composition of cold beauty, showing a landscape under control, dismembered and then reassembled through a device that itself corresponds to a certain Western view of domination over nature and mankind: the panorama. A Western view of a Western landscape.
This particular position, or at least my interpretation of it, led me to reflect on the symbolic charge of such a landscape. Depending on the point of view adopted, such a vision of the coastline could take on very different meanings. Some, arriving from the same sea, would simply see the land, the end of an uncertain journey, the sight of the French shores, the European coasts... In other words: the promise of a place where life could be better.
Every year, this tenacious hope carries thousands of people fleeing the violence in their home countries along the Mediterranean, justifying all the risks involved in making the crossing.Since 2014, more than 21,000 souls have died in the Mediterranean Sea trying to reach Europe. The central Mediterranean route is one of the most dangerous migratory routes in the world.
* «The crossing» was produced for the Rebondir exhibition (Rebound) at the Immix Gallery in Paris, an event in which artists are invited to ‘rebound’ on the work of other artists previously exhibited at the gallery.