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Preuves d'amour / Proofs of love
2018

 

Cette série de photographies cherche a questionner la violence domestique et la réponse que nous lui faisons, à travers son expression la plus extrême:  l’homicide conjugal.

 

En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon. 

Cette information est une statistique relativement stable, qui ressort ponctuellement dans la presse écrite ou audiovisuelle. 

Les «drames conjugaux» ou autres «crimes passionnels», ponctuent les rubriques «faits divers» des presses locales avec une constance qui flirte avec la banalité.

Quelques lignes, précédées d’un titre laconique, relatent des affaires qui se répètent ou se déclinent. C’est l’histoire d’un homme qui a tiré sur sa femme qui souhaitait le quitter, avant de retourner l’arme contre lui. Ou bien celle d’un autre, qui a poignardé sa compagne dans un «coup de folie», car il la soupçonnait de le tromper. 

Certains détails glaçants attirent parfois plus particulèrement l’attention des médias, et la nôtre par la même occasion. Comme l’histoire de Marcelle, retraitée, décédée le 2 mars 2017 à l’âge de 90 ans, tuée par son mari à coups de casserole. Ou celle de Thalie, consultante, décédée le 19 août 2017 à l’âge de 36 ans, battue à mort par son conjoint à coups de robinet neuf non monté. Le sordide appelle l’indignation, et soudain, par le truchement de l’objet, la violence d’un acte qui aurait presque pu passer inaperçu prend toute sa dimension. 

 

Ainsi, pour parler de ce sujet à la fois terrible et si commun, j’ai pris le parti de concentrer mon travail photographique sur ces objets du quotidien qui se voient transformés en armes de crimes. Ces artefacts familiers, issus pour la plupart de mon propre domicile et photographiés sur un fond bleu clair sobre, ne permettent pas de saisir de prime abord la violence des faits auxquels ils font référence. Cette prise de distance impose un temps de réflexion.

Les meurtres de femmes par leur conjoint, ex-conjoint, ou amant, ne sont pas de simples cas isolés qui toucheraient une certaine catégorie de la population. 

 

L’analyse des articles de presse rapportant les décès des 251 femmes qui ont -à ce jour- «succombé aux coups de leur compagnon ou ex» en 2017 et 2016 montre qu’il s’agit d’un phénomène de société qui touche toutes les catégories socio-culturelles, qui peut avoir lieu au sein de couples de tous âges et de toutes professions. 

Ces drames montrent des similarités trop prononcées pour être anodines : tous surviennent presque systématiquement dans des contextes de couples en crise ou au bord de la séparation, de jalousie, ou de possessivité exacerbée d’un conjoint sur sa «moitié».

La récurrence de ces crimes est trop forte pour être forfuite. Elle révèle au contraire un profond malaise sociétal dont il est grand temps de prendre toute la mesure.

This series questions domestic violence and our response to it, through its most extreme expression: conjugal homicides. 

In France, one woman dies every 3 days under the assault of her partner or ex. 

It is a stable data which has been widely related in French news broadcast or paper over the past decade.

Those «tragedies of separation» or so-called «crimes of passion» punctuate too often the short news columns of the local press. 

They tell us about similar stories: this man, who shot his wife because she wanted to leave him, or this other man, who stabbed his partner as he thought she was cheating on him.

They happen so regularly that they seem to be perceived as tragic but banal events, as if domestic violence was a phenomenon against which there’s not much to do.

However, some particularly dreadful details sometimes manage to raise awareness on the violence of those crimes. Like the story of Marcelle, a 90 years old retired woman who was battered to death with a cooking pan by her husband in their suburbian home, on the 2nd of March 2017. Or the story of Thalie, a 36 years old management consultant who died on the 19 of August 2017, beaten up to death with a mixer tap by her partner, as they were doing construction works in their house.

The horror summons indignation and suddently the violence of the act appears into its full dimension.

This is precisely the angle I have choosen to tackle this subject. 

I have decided to focus my photographic work on those homely objects which are turned into lethal weapons. The sight of those familiar objects does not reflect the violent stories they are related to. This contrast creates a distance that gives time for reflection.

Murders of women by their partners or ex are not isolated facts happening once in a while among some specific contexts or social categories. The analysis of the 250 cases -at least- of women who were killed in such conditions in France in 2016 / 2017 shows that it is actually a phenomenon which happens in every socio-cultural categories, among couples of every age and profession. 

They always take place in situations of conjugal crisis, separation, or jealous control of a man on a woman that he considers as its own. 

Murder as a proof of love ?

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